ACTE IV, SCENE III. i45
Et pour vos ennemis compter tous vos sujets. Ah! de vos premiers ans l'heureuse expérience Vous fait-elle, seigneur, haïr votre innocence? Songez-vous au bonheur qui les a signalés? Dans quel repos, ô ciel! les avez-vous coulés! Quel plaisir de penser et de dire en vous-même: « Partout en ce moment on me bénit , on m'aime ; » On ne voit point le peuple à mon nom s'alarmer; » Lecieldanstousleurspleursnem'entend point nomme) ; » Leur sombre inimitié ne fuit point mon visage ; » Je vois voler partout les cœurs à mon passage! » Tels étoient vos plaisirs. Quel changement, odieux! Le sang le plus abject vous étoit précieux : Un jour, il m'en souvient, le sénat équitable Vous pressoit de souscrire à la mort d'un coupable; Vous résistiez, seigneur , à leur sévérité; Votre cœur s'accusoit de trop de cruauté; Et, plaignant les malheurs attachés à l'empire, « Je voudrois, disiez-vous, ne savoir pas écrire. » Non; ou vous me croirez, ou bien de ce malheur Ma mort m'épargnera la vue et la douleur : On ne me verra point survivre à votre gloire , Si vous allez commettre une action si noire,
( se jetant aux pieds de Néron. ) IVIe voila prêt, seigneur; avant que de partir, Faites percer ce cœur qui n'y peut consentir : Appelez les cruels qui vous l'ont inspirée; Qu'ils viennent essaver leur main mal assurée... Mais je vois que mes pleurs touchent mon empereur : Je vois que sa vertu frémit de leur fureur.
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