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i36 BRITANNICUS.

SCÈNE II.

NÉRON, AGRIPPINE.

AoRirpiNE , s' asseyant. Approchez-vous, Néron, et prenez votre place. Ou veut sur vos soupçons que je vous satisfasse. J'ignore de quel crime on a pu me noircir : De tous ceux que j'ai faits je vais vous éclaircir. Vous régnez : vous savez combien votre naissance Entre l'empire et vous avoit mis de distance. Les droits de mes aïeux, que Rome a consacrés, Etoient même sans moi d'inutiles degrés. Quand de Britannicus la mère condamnée Laissa de Claudius disputer l'hyménée, Parmi tant de beautés qui briguèrent son choix, Qui de ses affranchis mendièrent les voix, Je souhaitai son lit, dans la seule pensée De vous laisser au trône où je serois placée. Je fléchis mon orgueil; j'allai prier Pallas. Son maître, chaque jour caressé dans mes bras, Prit insensiblement dans les yeux de sa nièce L'amour où je voulois amener sa tendresse. Mais ce lien du sang qui nous joignoit tous deux Écartoit Claudius d'un lit incestueux : Il n'osoit épouser la fille de son frère. Le séiiat fut séduit : une loi moins sévère Mit Claude dans mon lit, et Rome à mes genoux. Cet oit beaucoup pour moi : ce n'étoit rien pour vous.

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