i*8 BRITAKNICUS.
Se range du parti que flatte la fortune;
Que l'éclat d'un empire ait pu vous éblouir ;
Qu'aux dépens de ma sœur vous en vouliez jouir ;
Mais que, de ces grandeurs comme une autre occupée,
Vous m'en ayez paru si long-temps détrompée ;
Non, je l'avoue encor, mon cœur désespéré
Contre ce seul malheur n'étoit point préparé.
J'ai vu sur ma ruine élever l'injustice;
De mes persécuteurs j'ai vu le ciel complice :
Tant d'horreurs n'avoient point épuisé son courroux ,
Madame; il me restoit d'être oublié de vous.
JTJNIE.
Dans un temps plus heureux , ma juste impatience Vous feroit repentir de votre défiance : Mais Néron vous menace; en ce pressant danger, Seigneur , j'ai d'autres soins que de vous affliger. Allez, rassurez-vous, et cessez de vous plaindre; Néron nous écoutoit, et m'ordonnoit de feindre.
ERITANNICDS.
Quoi ! le cruel...
JDNIE.
Témoin de tout notre entretien , D'un visage sévère examinoit le mien , Prêt à faire sur vous éclater la vengeance D'un geste confident de notre intelligence.
BRITANNICUS.
Néron nous écoutoit, madame! Mais, hélas! Vos yeux auroient pu feindre et ne m' abuser pas : Ils pouvoient me nommer l'auteur de cet outrage. L'amour est-il muet, ou n'a-t-il qu'un langage ?
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