no BRITàNNICUS.
Les dieux ont prononcé. Loin de leur contredire ,
C'est à vous de passer du côté de l'empire.
En vain de ce présent ils m'auroient honoré ,
Si votre cœur devoit en être séparé ;
Si tant de soins ne sont adoucis par vos charmes;
Si, tandis que je donne aux veilles, aux alarmes,
Des jours toujours à plaindre et toujours enviés ,
Je ne vais quelquefois respirer à vos pieds.
Qu'Octavie à vos yeux ne fasse point d'ombrage;
Rome, aussi-bien que moi, vous donne son suffrage,
Répudie Octavie , et me fait dénouer
Un hymen que le ciel ne veut point avouer.
Songez-y donc, madame , et pesez en vous-même
Ce choix digne des soins d'un prince qui vous aime,
Digne de vos beaux yeux trop long-temps captivés ,
Digne de l'univers, à qui vous vous devez.
JUNIE.
Seigneur, avec raison je demeure étonnée.
Je me vois, dans le cours d'une même journée,
Comme une criminelle amenée en ces lieux ;
Et lorsqu'avec fraveur je parois à vos veux ,
Que sur mon innocence à peine je me fie,
Vous m'offrez tout d'un coup la place d'Octavie.
J'ose dire pourtant que je n'ai mérité
Ni cet excès d'honneur, ni cette indignité.
Et pouvez-vous, seigneur, souhaiter qu'une fille
Qui vit presque en naissant éteindre sa famille,
Qui, dans l'obscurité nourrissant sa douleur,
S'est fait une vertu conforme à son malheur,
Passe subitement de cette nuit profonde
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