ACTE II, SCENE II. io5
Quoi, Narcisse! tandis qu'il n'est point de Romaine Que mon amour n'honore et ne rende plus vaine, Qui , dès qu'à ses regards elle ose se fier, Sur le cœur de César ne les vienne essayer, Seule, dans son palais, la modeste Junie Regarde leurs honneurs comme une ignominie, Fuit, et ne daigne pas peut-être s'informer Si César est aimable, ou bien s'il sait aimer! Dis-moi , Britannicus l'aime-t-il?
NARCISSE.
Quoi! s'il l'aime, Seigneur?
J.ERON.
Si jeune encor, se connoît-il lui-même? D'un regard enchanteur connoit-il le poison?
NARCISSE.
Seigneur, l'amour toujours n'attend pas la raison. N'en doutez point, il L'aime. Instruits par tant de charmes, Ses yeux sont déjà faits à l'usage des larmes. A ses moindres désirs il sait s'accommoder; Et peut-être déjà sait-il persuader.
NÉRON.
Que dis-tu? Sur son cœur il auroit quelque empire?
NARCISSE.
Je ne sais. Mais, seigneur, ce que je puis vous dire,
Je l'ai vu quelquefois s'arracher de ces lieux,
Le cœur plein d'un courroux qu il cachoit à vos yeux;
D'une cour qui le fuit pleurant l'ingratitude,
Las de votre grandeur et de sa servitude,
Entre l'impatience et la crainte flottant,
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