Page:Racine Œuvres complètes 1827 tome 2.djvu/106

Cette page n’a pas encore été corrigée

9 8 BRITANNICUS.

Tous ceux qui dans le cœur me réservent leur foi. Pour moi, depuis un an qu'un peu d'expérience M'a donné de mon sort la triste connoissance, Que vois-je autour de moi, que des amis vendus Qui sont de tous mes pas les témoins assidus, Qui, choisis par Néron pour ce commerce infâme, Trafiquent avec lui des secrets de mon ame? Quoi qu'il en soit, Narcisse, on me vend tous les jours Il prévoit mes desseins, il entend mes discours; Comme toi, dans mon cœur il sait ce qui se passe. Que t'en semble, Narcisse?

NARCISSE.

Ah! quelle ame assez basse.. C'est à vous de choisir des confidens discrets, Seigneur, et de ne pas prodiguer vos secrets.

BRITANNICUS.

Narcisse, tu dis vrai; mais cette défiance Est toujours d'un grand cœur la dernière science: On le trompe long-temps. Mais enfin je te croi, Ou plutôt je fais vœu de ne croire que toi. Mon père, il m'en souvient, m'assura de ton zèle : Seul de ses affranchis tu m'es toujours fidèle ; Tes yeux, sur ma conduite incessamment ouverts , M'ont sauvé jusqu'ici de mille écueils couverts. Va donc voir. si le bruit de ce nouvel orage Aura de nos amis excité le courage. Examine leurs yeux, observe leurs discours; Vois si j'en puis attendre un fidèle secours. Surtout dans ce palais remarque avec adresse Avec quel soin Néron fait garder la princesse;

�� �