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9 4 BRITANNICUS.

Ne tient-il qu'à marquer de cette ignominie Le sang de mes aïeux qui brille dans Junie? De quoi l'accuse-t-il? et par quel attentat Devient-elle en un jour criminelle d'état ; Elle qui, sans orgueil jusqu'alors élevée, N'auroit point vu Néron, s'il ne l'eût enlevée, Et qui même auroit mis au rang de ses bienfaits L'heureuse liberté de ne le voir jamais?

EURRHUS.

Je sais que d'aucun crime elle n'est soupçonnée. Mais jusqu'ici César ne l'a point condamnée, Madame : aucun objet ne blesse ici ses yeux; Elle est dans un palais tout plein de ses aïeux. Vous savez que les droits qu'elle porte avec elle Peuvent de son époux faire un prince rebelle ; Que le sang de César ne se doit allier Qu'à ceux à qui César le veut bien confier : Et vous-même avoûrez qu'il ne seroit pas juste Qu'on disposât sans lui de la nièce d'Auguste.

AGRIPPINE.

Je vous entends : Néron m'apprend par votre voix Qu'en vain Britannicus s'assure sur mon choix. En vain, pour détourner ses yeux de sa misère, J'ai flatté son amour d'un hymen qu'il espère : A ma confusion , Néron veut faire voir Qu'Agrippine promet par-delà son pouvoir. Home de ma faveur est trop préoccupée ; îl veut par cet affront qu'elle soit détrompée, Et que tout l'univers apprenne avec terreur A ne confondre plus mon fils et l'empereur.

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