sant mes muscles, apaisant mes fièvres, bain quotidien tout parfumé de la ferveur du silence.
Le point noir de mon personnel, c’est le chauffeur. Celui-là est en dehors de mon domaine, arrive d’un garage assez distant et boit l’essence en route comme ses pneus boivent l’obstacle. Il vient de la grande ville qui rugit à ma porte ; mais je le change assez souvent, pour ne pas être forcé de le reconnaître.
Le jardin est entretenu par Nestor, lequel, valet de chambre, sait tondre le gazon et y repiquer, en jardinier expert, des mères de famille, sorte de pâquerettes très touffues, rosées, qui me font l’effet déplorable d’être artificielles.
Au milieu du jardin, cette vasque à margelle sculptée, est l’objet de fréquentes discussions entre le mari jardinier et la femme, chercheuse de pâte conservatrice. On y a déjà mis des poissons rouges. La vasque fêlée, perdant son eau, ils ont tous trépassé, le ventre en l’air. Après un cimentage sérieux, on a réfléchi. Peut-être obtiendrait-on un effet plus décoratif en forçant le triton à arroser des fleurs aquatiques. Et j’assiste, de loin, à l’épanouissement, plus ou moins réussi, de nénuphars teintés de vermeil qui finissent par rivaliser d’éclat avec les tasses à goûter les