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meurera son ombre, l’empêchera de sortir, oui. Sa pauvre cervelle de chien qui a trop chaud rumine toutes les chances que son gibier peut avoir de lui échapper. Il est au supplice, m’éblouit de ses prunelles flambantes. Je ris, intérieurement, en songeant que si j’avais décidé de la lui faire étrangler, ce serait la même obéissance passive. Il n’hésiterait pas… Je tourne.

— Alain, supplie Pauline Vallier, impatientée, venez vous asseoir près de moi, comme lui, ça vaudra mieux. Vous me faites mal au cœur !

Un dernier tour. Ma pensée se cogne aux vitres du plafond, tel un oiseau fou. Elle va se remarier ou retrouver l’amant de province, l’homme de tout repos, fortune et réputation assises… Moi, non, je ne veux pas m’asseoir. Je pourrais essayer de m’expliquer, dire en des phrases littéraires, car l’exaspération amène fatalement des mots romanesques, le trouble et le désespoir que j’éprouve, car je sais bien qu’elle ne reviendra plus… Est-ce que je vais l’attendre encore ? Ça, je ne veux pas, ce serait intolérable. Les hommes et les femmes passent donc toujours les uns à côté des autres sans se voir, sans s’unir et ne font que se heurter douloureusement sans se rejoindre ?

Tout en souffrant de ce départ comme