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XIX

Dans le boudoir violet où pousse lentement, sûrement la menue branche du platane, un jour ardent coule du haut plafond de verre.

Il paraît que ce plafond peut s’ouvrir, mais il y a bien longtemps que les gonds de ses châssis ne jouent plus. Il faudrait appeler un ouvrier couvreur et ces gens-là ont la funeste habitude de chanter sur les toits. Entendre un coq humain claironner au-dessus de moi me semble impossible en ce moment.

Je contemple la pauvre branchette inexorablement vouée au supplice de la cage. Elle est robuste, cependant, la petite plante, et elle tend vers le ciel deux mains, deux feuilles digitées encore pliées, comme deux frêles poings… Ce n’est pas le miracle, c’est la fatalité, et pour le peintre comme pour l’arbre mort, c’est la joie normale, animale, réservée, sans doute, à leur expiation. Les