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mains fines sur ses genoux bien joints, elle s’enferme elle-même dans ses propres bras. Je regarde la photographie du mari mort. Je voudrais lui faire de mentales excuses et je me demande pourquoi je le trouve entre nous. C’est ridicule. Je ne l’ai jamais vu qu’en effigie et j’ignore encore s’il me gêne ou si je le gêne. Préoccupé, je réponds, tâchant de conserver mon calme :

— Je vous restituerai tout ce que vous voudrez, Pauline, à la condition que vous ne me déroberez pas, vous, mon bien le plus précieux. J’ai vécu avec ce portrait, il est à moi, comme vous étiez à moi, jadis. Alors, choisissez ! Je ne suis qu’une brute, c’est entendu. Ne recommençons pas à nous injurier. Je ne suis pas allé vous troubler dans votre sécurité ! Pourquoi venez-vous me troubler dans mon chagrin ?

Je regarde toujours la photographie.

— Oui, c’est mon mari. Vous n’avez pas besoin de me questionner. Je lui ai promis à son lit de mort de réparer ma faute dans la mesure du possible. Il a compris qu’il y avait une preuve de cette faute. Sans savoir qui vous étiez, il s’est douté de la profonde immoralité de cet amant qui n’avait jamais songé à m’épouser, lui.

Je coupe :