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Elle n’ose pas rire devant ma mine déçue. Mon miracle est par terre ! Aucune coïncidence, pas même un tour de force de la nature. Ponctuellement, depuis plus de quinze ans, mon arbre mort manifeste une vie intérieure qui s’extériorise au retour de la saison tiède. Il n’a jamais cessé de vivre, de pousser sa petite branche, son rameau, espoir de sa race, et sans la pâte à reluire de la civilisation il aurait, sans doute, mis tout naturellement son enfant au monde !

— Vous comprenez, Monsieur, glisse timidement Francine, cherchant à me consoler, un arbre qu’en enferme dans une chambre, bien à l’abri, qui sert de cadre aux peintures de Monsieur, ce n’est qu’un meuble de plus pour moi, je ne pensais pas mal faire de l’entretenir comme tous les autres meubles, rapport à l’hygiène !…

Ah ! oui, la fameuse hygiène ! On doit tuer pas mal de gosses au nom de cette hygiène intensive, de même qu’en essayant de perfectionner, de refaire la race française par les sports intensifs, on a réussi à produire cette effroyable espèce d’animal qu’on appelle un champion, le garçon aux oreilles décollées, aux yeux bovins, dont les bras de singe terminés en battoirs peuvent se taper les genoux sans le forcer à se baisser. Ils font peur aux femmes et, en outre, ils ont très