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qu’elle tord avec, sans qu’elle s’en doute, le geste romantique d’Aphrodite fécondant le monde. Le corps, droit, moulé très exactement dans un fourreau de satin blanc, plie à peine sur la hanche gauche où se noue le vêtement en écharpe. On dirait, tant est savant ce nœud d’écharpe, qu’il entraîne toute la chair du modèle, la fait prisonnière, l’épouse dans un enveloppement merveilleusement chaste, la défend contre les hardiesses du regard, l’enferme pour n’en donner que le dessin pur. Ce costume, pas un vêtement mais une application artistique d’une étoffe sur un nu, est une création d’Alex, de mon ami Alex, de chez Dœuillet, le grand habilleur de poupées parisiennes et du monde entier.

Sous la lumière, le satin se teinte de rose et d’or, a le ton d’un marbre chaud du soleil de l’été.

La chevelure est superbe mais mal soignée, le brun fauve de cette nappe est huileux par place ; on devine que la jeune femme n’a pas le temps de les brosser tous les jours. Chose singulière, je m’aperçois de ce détail qui choque le peintre et qui aurait laissé l’homme indifférent… hier matin.

— Francine, dis-je d’un ton froid, il faut me laver cette chevelure. Elle est magnifique. C’est dommage.