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crise de nerfs qui dénoue toujours tout. Vous parliez de pari, docteur, au début du dîner, moi je fais celui-ci : ou la pudeur existe ou mes pilules en représentent l’alibi.

— Tu parles ! déclare brutalement Clara Lige. Moi je ne sais pas ce que c’est qu’un alibi. Tu pourrais bien t’expliquer en français.

— L’alibi, déclare sentencieusement Félibien Moro, ça se fabrique sur mesure à la Chambre correctionnelle.

Félibien Moro est ravi de tremper dans une affaire de mœurs. Il ne sera certainement pas acteur mais historien, et quel historien !

— Oui, affirme Boreuil, ça se décline, c’est un mot latin : alibi, Ali Baba, aliboron. Ces dames ne peuvent pas ignorer le latin qui, en ces mots, brave l’honnêteté.

Les femmes s’exaspèrent.

— Assez de boniment ! fait Hubertine Cassan, moi j’avale votre dragée d’Hercule en vous conseillant fort d’en garder une pour vous, Montarès.

Et elle puise dans la bonbonnière. Toutes l’imitent, sauf la princesse Servandini.

— Je n’ai jamais eu besoin de ça, avoue-t-elle froidement. D’ailleurs les hommes du monde, les artistes, ça ne me dit pas grand’chose. C’est à eux, en effet, qu’il faudrait en donner… de l’avoine. J’ai rendez-vous