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mal humain que tous les autres, comme de lâcher un nouveau gibier sur un terrain de chasse. La princesse Servandini rit de toutes ses dents chevalines et Sorgah me contemple avec une terreur mêlée d’admiration.

J’ai, en cherchant mon invitation dans le vestiaire, retrouvé dans une de mes poches une petite bonbonnière d’émail où traînent encore quelques pastilles parfumées.

Je tire cette boîte, je l’ouvre et sur le ton d’un vendeur de produits destinés à détruire les rats, je conclus :

— Voici, Mesdames et Messieurs, les nouvelles pastilles du marquis de Sade, inoffensives je crois, car on m’a dit les avoir purifiées de tout venin, stérilisées à l’usage des… âmes sensibles, gardant cependant toutes leurs vertus, pardon, leurs propriétés surexcitantes. Elles restent donc pour vous, pour nous, la permission ou l’alibi. Vous prenez une de ces perles de luxure, vous avalez, par là-dessus, quelques coupes de champagne… et c’est le triomphe de l’amour ou celui de la pudeur.

— Dites donc, Montarès, murmure Boreuil, vous exagérez ! Qu’est-ce que c’est que vos pastilles ? Vous en avez de bonnes dans vos bonbonnières, vous. C’est un truc à nous faire aller en prison, de nos jours, comme du temps du divin marquis…