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fil de soie ! Il ouvrit les yeux à demi, écarta les cheveux sans penser que les siens étaient coupés, puis il vit, vaguement, une tête blonde, une joue rosée, et un buste gracieux ployé dans un peignoir blanc. C’était Lilie, Lilie plus belle, plus femme, Lilie meilleure enfin et, ainsi qu’il avait fait durant ce mystérieux moment où un rayon de soleil avait éclos sur ses lèvres, il lui donna un baiser de fiançailles qui ne rougit même pas sa joue rose.

Nono s’éveilla davantage. Lilie s’éveilla un peu. Ils eurent tous les deux un sourire. C’était donc bien vrai ? Ils s’aimaient toujours ! Ils n’avaient jamais cessé de s’aimer !

Nono s’étirait, en paresseux, n’osant trop lever les paupières. Lilie penchait le front n’osant trop toucher son époux idéal, et un parfum de jeune fleur les enveloppait, tellement suave, qu’il n’arrivait pas à griser leurs sens paralysés de sommeil.

— T’aime ! » balbutia Nono, la bouche pleine des cheveux soyeux et odorants de la jeune femme.

Lilie allait répondre, quand, tout d’un coup, dans le lointain, un chien hurla comme hurlent les chiens qui ont peur de la lune !…