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— Oui, elle prétendait qu’elle n’épouserait qu’un homme vertueux ! Mais c’était déjà dans mes idées !

— Et elle vous a trompé ?… C’est délicieux ! Vous croyez donc aux femmes, vous ?

— Je les déteste ! déclara Nono, exaspéré par tant de folies.

— Ah ! Mademoiselle, ne lui demandez pas pourquoi s’exclama la mère, désespérée de la tournure que prenait la conversation. Nono, ne dis rien ! Nono, je te le défends !

— Au contraire, scanda Renée, je veux tout savoir ! »

Nono la regarda d’un œil méchant. Si c’était une vraie femme, elle garderait son opinion pour elle. Si c’était une jeune fille, une vraie, comme Lilie, elle l’approuverait.

Dans le doute, au lieu de s’abstenir, le sage Nono s’impatienta :

— Eh bien ! dit-il avec explosion, je n’aime pas les femmes parce que c’est sale ! »

Et son visage prit une expression de dégoût, comme s’il eût aperçu des chenilles se promenant à travers la nappe damassée.

Renée, abasourdie, examina sans répliquer ce jeune rustre. Puis elle s’appuya, pensive, sur son coussin de velours. Mme Maldas aurait voulu se jeter dans la vasque. Césarine, comprenant peut-être l’esclandre, se taisait, honteuse.

— Et les hommes, donc ? » murmura Mlle Fayor sortant d’un rêve pénible.