Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/384

Cette page a été validée par deux contributeurs.
376
nono

Gravement, la sentence tomba au milieu d’un profond silence.

L’accusé, reconnu coupable sans circonstance atténuante, était condamné à mort !…

Un soupir immense sortit de toutes les poitrines… Il y avait dix ans qu’il n’y avait pas eu d’exécution à Montpellier !…

Bruno fut ramené. Il n’avait rien perdu de son calme. Ses beaux yeux étaient plus sombres, mais il levait fièrement la tête.

— C’est admirable !… » pensa le duc de Pluncey.

On relut l’arrêt de mort.

— C’est bien ! fit Bruno plein d’indifférence.

— Vous avez trois jours pour vous pourvoir en cassation. Avez-vous quelque chose à demander avant qu’on vous mette les menottes, dit son défenseur, la gorge étranglée par l’émotion de son insuccès.

— Où est ma mère ?

— On vient de l’emporter évanouie !

— Alors laissez-moi parler au duc de Pluncey. »

Aussitôt celui-ci s’approcha, il mettait lentement ses gants de daim fourrés de cygne pendant que les gendarmes passaient aux poignets du condamné des bracelets de fer.

— Duc, dit Bruno, avec une inflexion très douce dans la voix, je regrette de toute mon âme qu’on ait prononcé le nom de Mme de Pluncey durant les débats.

À présent, Bruno disait : duc tout court, car on ve-