donnerais tout mon honneur d’homme en ce monde, moi qui ne suis pas noble, qui ne suis pas duc ! Demain, en face d’eux, je m’avouerais coupable de son crime et ma mère elle-même ne saurait pas que je suis innocent. »
Le duc s’éloigna encore, sa physionomie livide prit une expression de tendresse infinie.
— Bruno, dit-il, vous êtes plus noble que le duc de Pluncey… voulez-vous me donner la main ? »
Le jeune homme d’un mouvement spontané tendit la main.
— Je vous hais ! fit-il d’une voix étouffée par les sanglots.
— Je le sais, Bruno !… Vous me haïrez moins quand je vous aurai dit que cette seconde d’amour pour laquelle vous sacrifieriez plus que votre vie a existé. Vous avez été l’unique passion que Renée Fayor ait jamais pu ressentir… Malheureusement, la peur chez les femmes l’emporte sur l’amour ! »
Bruno Maldas serra à la broyer cette main gantée qui frissonnait dans les siennes.
— Merci, dit-il simplement.
— Qu’allez-vous faire ? interrogea le duc la gorge tenaillée par l’angoisse.
— Ce que vous feriez sans doute à ma place, monsieur le duc, répliqua Nono transfiguré, monter sur l’échafaud avec une bonne conscience !… »
Edmond de Pluncey baissa les paupières… Ainsi, le fils d’un jardinier savait aimer jusque-là…
— C’est impossible, murmura-t-il malgré lui, une