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Bruno recula en chancelant. Un nuage obscurcit sa raison. Debout devant lui se dressait le mari de Renée Fayor.

— Vous !… s’écria Maldas en reculant.

— Moi ! » fit le duc qui se découvrit gravement.

M. de Pluncey regarda autour de la chambre comme s’il eût cherché quelqu’un. Il était excessivement pâle dans ses fourrures noires, et ses deux mains gantées tremblaient presque autant que les paupières de Bruno. Il se retourna pour s’assurer que le guichet avait été refermé.

— Nous sommes bien seuls ? demanda-t-il d’un accent si bas qu’on pouvait à peine distinguer ses paroles.

— Seuls ? dit Bruno se redressant avec une fureur concentrée, vous avez donc peur d’un prisonnier, monsieur le duc ? »

Edmond de Pluncey l’enveloppa d’un regard tellement hautain qu’il comprit tout de suite de quelle haine était faite la protection du grand seigneur.

Nono crispa ses poings.

— Où est-elle ? interrogea de nouveau le duc d’un ton sifflant.

— Renée ? murmura Bruno tressautant, vous me demandez où est votre femme ? »

La tête de Bruno faillit éclater. On venait chercher Renée dans sa prison, chez lui ! Le malheureux crut que sa raison l’abandonnait tout à fait.

— Elle est venue ? reprit le duc, ne mentez pas !

— Et pourquoi serait-elle venue ? »