Savez-vous ce que je souffre ? Devinez-vous mon désespoir et mes colères ? J’aurais épousé votre fils, moi Renée Fayor, si j’avais été digne de lui !…
— Digne de lui ? Mad… mademoiselle… bégaya la veuve étourdie par ces paroles. »
Renée se calma.
— N’est-il pas le meilleur des êtres ?… n’est-il pas bon à rendre bons les méchants ?
— Vous pouviez ne pas vous faire aimer. Vous auriez été bonne, madame ! »
Renée, la face dans ses doigts crispés, murmura :
— Je n’ai pas eu de mère, moi et on m’a appris le mal dès mon enfance. »
Les deux femmes se turent. Après un long silence, très pénible pour la veuve, Renée reprit humblement, car la jeune femme montait un véritable calvaire :
— Vous n’acceptez pas cet argent ? soit, ce serait vous faire injure que d’insister. Seulement, je puis offrir un souvenir à votre petite fille, à celle qui est assez heureuse pour être sa sœur !… Tenez, dans ce coffre, il y a des perles blanches dont la valeur est insignifiante. Je veux que vous emportiez ces bijoux. Elle priera un peu pour moi en échange, je n’ai jamais bien su le faire. »
La mère de Nono pleurait.
— Oh ! madame, je dis comme lui, vous feriez obéir les démons. »
Elle regarda les perles. Elle les trouva jaunies, presque noires à certaine place et elle pensa qu’elles n’avaient pas, en effet, une grande valeur.