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adresse au père Sancillot, la nuit de sa disparition.

— Je l’ignore… C’est-à-dire, que c’est monsieur qui me l’a appris. Et Nono désigna Jarbet.

— Cela a paru vous contrarier ! » ajouta le policier.

Nono rougit, mais ne répondit rien.

— Selon vous, demanda Jarbet, qu’est devenu Barthelme ? »

Nono déclara franchement :

— Il a été assassiné, cela me semble certain.

— Et où ?

— À Paris, sans doute !

Nono disait Paris parce qu’il lui paraissait plus prudent d’éloigner une telle probabilité de Tourtoiranne. Renée n’avait-elle pas dit qu’elle connaissait le meurtrier et qu’elle ne pouvait le dénoncer ?

Qui sait si son père !… Nono se rappelait les terreurs de la jeune femme quand il voulait lui-même entrer chez elle, la nuit. Un insolent escalade une fenêtre, le père le guette, lui casse les reins. Ensuite on le jette dans une oubliette. Tourtoiranne avait des oubliettes que Nono ne visitait jamais.

Félix Jarbet se retira.

— Voyons, mon ami, tout ceci n’est guère compréhensible, murmura le juge impatienté, il n’y a qu’une personne au monde capable d’éclaircir cette affaire, c’est vous, et vous l’obscurcissez complètement. Ah ! çà, expliquons-nous. Que signifie ce verre par vous brisé contre la poitrine de M. le duc de Pluncey, hier, quand il prenait votre défense, bravant même la loi pour vous protéger. M. le duc est un jeune homme