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il resta là, écartant ses cheveux incultes afin de mieux contempler. Il aurait donné beaucoup pour qu’il n’y eût pas de source.

— Est-il laid ! murmura l’architecte, pas fâché de baisser la voix pour parler à Mlle Fayor.

— Peuh ! à quoi lui servirait d’être autrement », fit-elle dédaigneuse.

La roche se dressa tout à fait. Un des ouvriers poussa une pierre plate, y posa tout droit un pic de deux mètres et une manœuvre habile de la corde laissa retomber le rebord inférieur du rocher sur la pointe du pic. C’était fini.

Mademoiselle Renée se précipita.

— Prenez garde, dit le jeune architecte, toujours très empressé, le rocher n’est soutenu maintenant que par une aiguille, il ne faudrait qu’un coup sec contre le pic pour mettre à néant la plus jolie personne du monde. »

Renée fronça les sourcils. Cependant, elle eut un sourire.

Sous la roche, pas de source. Rien qu’une couleuvre qui décrivit un zigzag dans son nid de sable. Le centre de ce nid, plus concave, paraissait être humide.

— Nous creuserons », déclara l’architecte.

Mlle Fayor eut un geste déçu.

Elle resta pensive. Les ouvriers avaient rejoint leurs camarades. Bruno regardait, pensif, lui aussi.

— Une fameuse tombe pour un homme », dit-il avec une mélancolie rageuse.