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aux constructeurs de caveaux funéraires pour le travail ? objecta Largess impassible.

— Non, je veux me baigner ! »

Largess se retira aussi confondu que le lui permettait son flegme, et se garda bien de divulguer le secret de la folie ducale.

Le lendemain, comme rien n’était commencé, le duc poussa un cri de joie féroce.

« Ah ! c’est cela !… c’est cela ! je suis réellement, sincèrement, absolument amoureux, puisque mes gens se moquent de moi !… »

Il jeta dix louis à Largess qui, ma foi, déposa le reste de son flegme afin d’être abasourdi tout à son aise !…

Et l’on sait que plus tard M. Edmond de Pluncey s’arma d’un Lefaucheux pour aller chasser du côté des jardins de Tourtoiranne.

Après la scène monstrueuse des fiançailles, scène que l’amour du duc n’avait pas prévue, il y eut une explication entre les fiancés, assis l’un en face de l’autre dans le grand salon de Tourtoiranne.

Renée avait derrière elle le portrait de son père, le sabre au poing.

Un froid glacial descendait sur leurs épaules paraissant descendre de ce sabre.

— Mademoiselle, commença Edmond de Pluncey, auriez-vous l’obligeance de m’apprendre quand cessera cette amusante mystification ?

— Vous la trouvez amusante ?… j’en étais sûr ! fit Renée d’un accent fort tranquille, mais ses yeux scintillaient semblables au reflet de l’étoile des Combasses !