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préface

avec le sexe mâle, plusieurs fois l’humanité les a vus. Selon des lois qui nous échappent, ces idéals troublés remontent parfois à la surface de nos âmes, où les déposèrent de lointains ancêtres. Raoule de Vénérande, cette insensée au teint pâle et aux lèvres minces, qui lave le corps équivoque de Jacques Silvert, fait songer, avec toutes les différences de climat, de civilisation et d’époque, au vertige de Phrygie, quand les femmes lamentaient Attis, le petit mâle rosé et trop gras. Ces obscures complications d’amour ne sont pas seulement faites d’énervation ; à leur luxure se mêle un mysticisme trouble. La Raoule de Vénérande du roman a pour directrice une parente, de toute piété, et qui ne cesse de stigmatiser l’humanité fangeuse. Rachilde écrit : « Dieu aurait dû créer l’amour d’un côté et les sens de l’autre. L’amour véritable ne se devrait composer que d’amitié chaude. Sacrifions les sens, la bête. »

Ces rêves tendres et malgré tout impurs