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votre gredin de père… car, je suis votre père, mon gendre… touchez là !… c’est à la vie à la mort, que je vous dis !

Il se rassit, larmoyant dans le petit verre.

— Oui, continua-t-il, c’est noble ! Il y a de la pique chez vous, la fillette a ses lunes. Oh ! ne secouez pas la tête… je le sens, moi, et vous n’êtes peut-être pas content de son éducation, cependant vous n’avez pas hésité à me donner le pain et le local comme à un bon bougre… je vous revaudrai cela, mon gendre. Je leur ai fichu leurs paperasses au diable, là-bas… Une bouteille d’encre, du reste, mes amis. Oh !… ne faites jamais faillite… si vous saviez ce que c’est embêtant… Il y a des syndics, des avoués, des notaires, et il faut demander des concordats qui ne viennent jamais… il faut attendre des papiers qui viennent toujours… Puis, moi, vous savez, j’ai eu des ennemis, un espèce de commis-voyageur à qui j’ai glissé deux mots quand j’étais encore jeune, à cause de ma défunte, la pauvre chère petite, si jolie, si douce… mais coquette… le portrait de Louise… Eh ! eh ! coquine, tu as mis ta langue au cabinet noir ?… Voyons… nous voilà tous ensemble, bien heureux, loin des soucis de la capitale… nous aurons une meilleure table et un meilleur lit quand nous penserons que nous ne sommes plus qu’une seule famille !…

— Vous avez gardé de l’argent, sans doute ? demanda maman Bartau, dont le sang bouillait et qui se permettait d’être ironique en attendant de pouvoir le flanquer dehors, le lendemain matin.

— Moi (et l’ex-tonnelier se dressa), pas un centime… Rien… rien ! je les ai fait réunir, les