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III

La maison Bartau (douves en chêne) était située rue de l’Intendance, une rue de Tours très bien famée, seulement fort sombre et pleine de charcutiers. Entre deux boutiques, dont une charcuterie médaillée pour ses rillettes, s’ouvrait une grande porte cochère au-dessus de laquelle on lisait : « Bartau, échantillons de bois durs et de planches, douves pour tonneaux, copeaux à vendre », inscrit en lettres noires. Les bâtiments de devant contenaient les magasins, des salles remplies de poussière, où s’entassaient des bouts de soliveaux avec des planchettes de toutes les dimensions. Derrière les magasins, au fond de l’allée, on voyait une petite cour plantée d’un unique mûrier presque centenaire qui semait ses fruits mous et blancs sur la terre battue. L’habitation de la famille se dressait là : un ancien hôtel orné d’un écusson un peu gratté, ayant des barreaux à toutes ses fenêtres et l’aspect froidement propre d’une demeure honnête. Quand Louise y était venue pour la première fois, elle avait eu des crises de larmes, car elle ne se faisait pas une fête de tenir des