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qui sont toutes les deux bien élevées, deux Parisiennes ?

— On le saura peut-être à Tours !

Il éclata de rire. Elle tressaillit. Ce rire avait quelque chose de troublant et d’énigmatique qui la poignait. Elle dit oui de la tête.

L’aubergiste pluma poulet et perdrix. On dressa le couvert et on mit le vin dans une terrine remplie d’eau fraîche. Louise semblait agir sous l’influence d’une baguette d’enchanteur. Cet homme était bien beau et bien doux. Il connaissait les faiblesses des femmes, et ne les brusquait pas en leur parlant des chiffres de la maison Bartau. Pour fou, il l’était, assurément, témoin ses gymnastiques dans les créneaux ; mais, tant qu’il n’y aurait pas d’orage… La mère Pichonneau, discrète, les abandonna au dessert. Ils se mirent à échanger quelques confidences. Les maris étaient de vilains messieurs. Ainsi, lui, Marcel Désambres, il avait une sœur, à Paris, qui avait souffert d’un mariage désassorti. Il concevait que les femmes trompassent leurs maris puisqu’ils étaient si grognons. Louise raconta toute sa petite existence de pensionnaire, de jeune dépaysée regrettant son Paris. Elle expliqua maman Bartau, une créature sèche et crampon. Pour Louis, il était bon, elle l’adorait, seulement…

— Quoi ? insista Désambres.

— Il ne m’aime pas assez ! soupira Louise toute rougissante.

— Le criminel !

Le jeune homme prit la main de l’éplorée, la baisa très respectueusement d’abord, et, tout d’un coup, il retourna cette menotte moite et