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libertin, puis, voilà que maintenant qu’il était devenu raisonnable, la mignonne, pas encore fatiguée, voulait recommencer !…

Ils se promenaient dans un potager attenant à une maisonnette en torchis et en briques, ayant une touffe de genêt pendue sous son pignon. C’était une auberge de banlieue, qu’ils avaient rencontrée en fuyant sous l’averse, tout au bord du fleuve, entre un rideau de peupliers et la route nationale. De là, on voyait le château comme une gravure lointaine voilée par des buées d’encens. Et tout autour d’eux, il y avait des choses modestes promettant des repas délicieux dans leur simplicité paysanne : des choux, des salades, un colossal melon. Des poules caquetaient derrière un treillis d’osier, un honnête lapin les regardait de ses yeux ronds, tout brillants comme deux perles, l’oreille droite, fabuleuse, rabattue sur son nez pensif. La maîtresse du logis, une avenante personne coiffée d’un serre-tête bleu, quelque peu grêlée, raclait des salsifis sur le pas de sa porte. Elle était seule, ne recevant que du monde vigneron, et elle s’ébahissait bien, intérieurement, de la visite de ces nobles étrangers, mais elle s’était aperçue tout de suite que l’amour se mêlait de l’aventure et elle les guignait avec une curiosité goguenarde. Leur chambre, l’unique de l’auberge, était ramagée d’un papier extraordinaire, où Chloris refusait, par un geste continu et à la longue agaçant. une guirlande de roses vertes à Tircis, lequel Tircis avait les pieds nus et une roquelaure de satin violet.

Le mobilier se composait d’un lit en bois ciré, d’une chaise de paille et d’une cuvette en