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En effet, il la salua dans un pur dialecte parisien.

— Ma foi, ma petite mère, c’est comme aux dominos, blanc partout ! dit-il gaiement, poussant un sac près du mur.

— Un artiste !… grommela Louis de mauvaise humeur parce que le pantin lui semblait admirer sa femme du coin de l’œil.

— Monsieur Carini ! fit la concierge avec emphase, un noble d’origine italienne. Il a obtenu le prix de Rome, l’année dernière.

Dans son admiration, soufflée par la reine Catherine probablement, la vieille fille ne voulait pas s’apercevoir que son artiste italien avait tout à fait les manières d’un voyou.

— Oui, Madame, Hector Carini, sculpteur en villégiature chez Son Altesse Sérénissime le comte de Paris, futur héritier des couronnes, tonna le jeune homme avec l’air de M. Duflos, de la Comédie Française, des couronnes que je sculpte sur cet écusson ! — Et il leur désignait, dans l’intérieur d’une cheminée monumentale, les armes des princesses depuis si longtemps défuntes.

— C’est qu’il ne rira pas ! se dit Louise, de plus en plus abasourdi.

— Monsieur Carini, minauda la vieille fée aux yeux verts, vous m’obligeriez en faisant voir les curiosités à ces personnes, je vais les attendre à la poterne droite. Il faut que je sache si Monseigneur nous envoie des instructions nouvelles.

Et, d’un pas souverain, elle se retira pour descendre dans sa logette, creusée en plein rocher, hors les murs.