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neurs venus pour visiter, non le château, mais les maîtres.

— Heureusement, ajouta Louis avec une grosse dose de fierté, que le gouvernement actuel a comblé les oubliettes, hein ?

— Monsieur, riposta la vieille fille, le gouvernement actuel n’a rien à combler chez nous ; Monseigneur est libre de réparer son château comme il l’entend.

On devinait qu’elle aurait baissé les restes du pont-levis plutôt que de tolérer chez eux le gouvernement actuel.

Louise apporta tout de suite sa goutte de vinaigre.

— Et c’était bien plus gentil de supprimer les voleurs que de perdre de l’argent à les nourrir ; vous avez raison, Madame !

— Des voleurs ! reprit plus complaisamment l’irascible concierge, on ne traitait ici que des gentilshommes et les rois ne gaspillaient pas leur temps à pendre ou à mettre aux oubliettes de simples manants !

— Tiens ! se contenta de faire Louise, interloquée par cette logique.

Ils avaient achevé de visiter les dépendances, ils entrèrent dans la forteresse et, dès la première chambre, ils rencontrèrent des maçons, des sacs de chaux, des pièces de bois.

— Je vais salir ma robe ! s’écria Louise qui, décidément, en avait assez.

Un grand jeune homme, vêtu d’une blouse, la casquette en arrière, donnait des ordres à l’équipe des manœuvres, et, selon les volontés sacrées de Mgr le comte de Paris, les travaux étaient menés bon train. Louise s’arrêta devant lui. Elle flairait quelqu’un de sa nation.