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— Parce que je ne pouvais pas m’en empêcher.

— En voilà une réponse ! Ton mari n’est donc pas gentil pour toi ?… Tu sais, causons, puisque nous sommes au grand air. Je t’ai emmenée malgré les réflexions de la vieille… Je voulais nous dégonfler un peu le cœur.

— Mon pauvre papa, ce n’est pas la peine que je te tourmente. Tu en as bien assez sur le dos. D’ailleurs, nous ne les changerions pas… ni l’un ni l’autre. Louis serait le bonheur s’il n’écoutait pas toujours sa mère ; sa mère c’est le démon. Elle a fait la fortune, elle tient la maison, il doit se soumettre, et je ne le blâme plus.

— Il me semble qu’il est jaloux, ton Louis ! Louise frissonna.

— De qui ? Seigneur Dieu ! et pourquoi ? Je ne sors jamais.

— Enfin, qu’est-ce que c’est que cette histoire de stérilité que je n’arrive pas à débrouiller avec ce damne docteur ?

— Papa, je ne veux rien te dire… cette histoire ne regarde pas les hommes ! s’écria Louise s’emportant.

— Bien ! bien ! ne te fâche pas si vite, je croyais qu’un père… Ah ! je ne suis plus le maître de ma fille… sans cela, tonnerre, je te les retournerais… Je suis le failli, selon leur mot… et l’on me reproche le morceau de pain que je mange. Patience ! je réussirai un jour à nous sortir de cette cambuse et alors…

Il reprit un moment après avec une intonation naïve :

― Pourtant ! je ne suis pas de trop, je travaille, je me remue. Quand on gagne de l’or