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vous passerai les plats… et nous nettoierons les assiettes. Son marmiton ! Eh ! Eh !

— Monsieur Tranet, répondit Louis tortillant le pied de son verre à liqueur, nous ne trouvons pas la situation drôle, nous. Ma mère est une travailleuse, moi, je tâche, humblement, de l’imiter dans son excellente gérance et dans ses spéculations, j’ai fermé les yeux à propos de la dot de ma femme…

Louis regardait sa mère. Celle-ci l’approuva d’un geste, — dans les grandes circonstances, cet amoureux parlait comme un sage, — elle jubilait.

— Oui, j’ai fermé les yeux, monsieur Tranet, et je ne m’en plains pas… c’est une excellente enfant, docile, gracieuse…

— Il l’a aimée, votre fille, poursuivit Caroline supprimant un éloge intempestif, il l’a aimée plus qu’elle ne le méritait, monsieur, et, à présent, nous regrettons bien ce mariage, car il a détruit de superbes espérances, mon fils pensait devenir le gendre du…

— Ma mère, interrompit à son tour le jeune homme très digne, je n’ai pas cessé d’aimer Louise.

— Je m’exprime mal, mon cher Louis. Tu n’as pas cessé de l’aimer, seulement tu as à t’en plaindre, quoi que tu puisses ajouter.

— Elle est coquette… comme sa mère… votre défunte, monsieur Tranet ; elle a des goûts dispendieux, elle ne se passe pas de dessert, elle a voulu un piano et notre train ordinaire a été un peu désorganisé. Des rubans, des fleurs, des gâteaux, cela coûte gros, à la fin de l’année. Les rentrées sont dures. Le bois ne