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pas ! Je n’ai pas le droit de t’imposer mes goûts de vieux moine. Ah ! Je te veux libre, je te veux libre ! Et puis, ne me donne pas ce titre de père, je ne le mérite pas. Tu peux juger mes actes, mais mon cœur, est-ce que tu le connais ? Mon cœur est lâche, si mes actes sont honnêtes. Sous aucun prétexte je ne veux usurper ton estime. Tu as désiré entendre parler de la famille, je t’en ai parlé, mais que n’ai-je pu effacer mon nom de tout cela ! Je te le répète ; j’ai un cœur lâche… un cœur lâche, comme celui de tous les hommes !

Paul, pensif, posa son index sur la poitrine de Reutler.

— L’impossible, fit-il machinalement !

Et, respectant l’émotion de son aîné, il évita de le regarder en face.

Il y avait donc encore quelque chose qu’il ne saurait pas, qu’il ne saurait peut-être jamais !…


V

Sous le plafond bas de leur chambre d’amour, les amoureux, étendus tout de leur long dans les étoffes qu’ils déployaient fiévreusement, disputaient au sujet des nuances et de la qualité des soies.

— Moi, disait Paul de Fertzen, je choisirais ce damas de Lyon blanc-rosé où les fleurs de per-