Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Vous arrangerez des touffes de roses de Nice sur les dressoirs. Vous en mettrez de tous les côtés. Et dans l’antichambre, qu’on renouvelle tous les capillaires, les palmiers nains. Dépêchez-vous. Voici Monsieur Paul, et la maison à l’air d’un pénitencier. Vous savez bien qu’il aime les fleurs, Monsieur Paul !

— Presque autant que mon ancienne patronne, la cocotte, marmotta Françoise, déliant les bottes de roses, et il les lui faut rares… pas de saison, surtout ! Dites donc, Jorgon, est-ce vrai qu’on n’ira plus chez la Crossac ? Le groom prétend que ça va encore changer, les amours !

— Faites vos bouquets, Françoise, et priez Dieu, si vous y croyez, que son meilleur tonnerre tombe sur la Crossac, c’est tout ce que je peux vous dire.

Monsieur Paul prit son bain, sa douche, se fit masser et nettoyer les cheveux à la poudre, déjeuna dans son cabinet de toilette, ensuite, très dispos, escalada, en courant, l’étage qui le séparait de son frère.

Paul sentait, vaguement, qu’il allait à l’audition d’un tout autre drame que celui de la veille, et sa fièvre apaisée par une orageuse nuit d’amour, il se croyait calme.

Le cabinet de travail de Reutler de Fertzen, cellule de moine dont les murs, simplement blanchis à la chaux, n’étaient ornés que de livres, prenait le jour d’une grande verrière à croisillons plombés et tristes. Selon les ordres de cet homme jeune, cependant maniaque comme plusieurs vieux, on ne devait jamais ouvrir la fenêtre. Il redoutait la pous-