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ses yeux d’un bleu de mer houleuse brillèrent terriblement.

— Geneviève, taisez-vous !

Jane lui jetait des regards de chien battu.

— Oh ! Monsieur Paul, je vous en supplie ! Vous allez surexciter Madame qui manquera son entrée.

— Bonne petite Janette, murmura Geneviève, caressant les joues pâlies de sa lectrice, elle est si dévouée. Voyons, Paul, l’heure s’avance : oui ou non, dois-je me rendre rue de Verneuil, demain, pour notre dernière explication ? J’ai des choses à te dire sans temoin, des choses graves…

— Non, Madame, gronda Paul fouettant la psyché de ses deux gants. Non ! Non ! Non ! Ce que je termine est bien fini. Je garderai à jamais le souvenir de vos bontés pour moi, mais je n’oublierai pas plus votre animosité contre mon frère, animosité qui ne peut résulter que d’une de ces injures dont sont coutumiers les hommes de science : l’austérité des mœurs.

La comtesse éclata d’un rire exaspéré.

— L’austérité de ses mœurs ! Ah ! bien, si j’avais voulu !

— Tu mens ! rugit Paul hors de lui.

— Monsieur de Fertzen, bégaya la lectrice, il ne faut pas vous emporter ainsi. Regardez dans quel état vous mettez Madame.

De grosses larmes coulaient sur les joues de Geneviève, mêlant le rouge au blanc, et ses lèvres tremblaient.

— Jane, balbutia-t-elle, va faire une annonce. Arrange quelque chose, toi si adroite. Dis que le