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Paul refronça les sourcils.

— Geneviève, dit-il vivement, ceci ne vous va pas du tout, je vous préviens.

— Tu n’as pas qualité pour juger ceci. C’est un costume de véritable cantinière de mobiles. Tu sauras bientôt de quoi il s’agit. Je crois que mon drame est ce que j’ai écrit de mieux. N’est-ce pas, Jane ? Un acte nerveux, violent, sobre, très pathétique ; il leur portera à la tête…

— Comme une migraine, interrompit Paul clignant de l’œil du côté de la jeune fille impassible.

— Soit ! Comme une douleur, un cri de la chair, et j’espère qu’en l’écoutant, Monsieur le baron de Fertzen, ton frère, Paul, saura pourquoi j’ai voulu te ravir à sa domination. Il n’est pas poète, lui, il est la lourde science que j’exècre, d’abord en la personne de mon mari, ensuite dans cet homme froid, cet homme fermé, austère, qui se mêle d’écrire en français des résumés scientifiques dignes… d’un esprit allemand.

— Toujours mon frère ! Parole d’honneur, c’est insupportable, Madame !

On fardait maintenant la figure de la comtesse.

— Oui, cria-t-elle, les lèvres dans un pot de rouge comme si elle buvait du sang, il est ton mauvais génie, celui-là !

— Ce soir, encore, il me faisait votre éloge, ma chère comtesse.

— Allons donc ! Le fourbe ! Il me méprise, il méprise tout le monde. Toi aussi, peut-être, pardessus le marché !

Paul bondit et vint se camper devant la psyché,