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le lança dans une boîte à fards.) Mais vous avez juré de m’affoler. (Elle se releva, s’appuya contre une psyché et se laissa dévêtir par sa lectrice qui, du reste, le fit avec un art exquis. Ses épaules émergèrent hors du peplum, les seins apparurent encore très fermes.) Écoute, mon enfant, déclara-t-elle, d’un ton maternel qui jurait un peu avec sa pose d’Aspasie attendant Périclès, je sais bien des choses que je n’ai pas dites… ni reprochées. Une femme comme moi a sa police, elle est renseignée qu’elle le veuille ou non. Tu as eu Marguerite Florane et je ne t’ai pas fait d’observation. Après la grande mondaine, la grande demi-mondaine, c’était presque de rigueur. Mon sourire te fut toujours miséricordieux, mais à cette heure, je m’insurge. Tu as lâché Marguerite et tu veux me fuir. Ce n’est pas naturel. Tu en aimes une autre. Je ne me tolère pas de rivale au point de vue du cœur. Confesse-toi donc franchement, je verrai ce que je dois penser.

— Vous n’avez pas de rivale, Madame, ni vous… ni Marguerite ! Je me retire de votre soleil parce que je suis trop ébloui, je ne peux plus travailler.

La comtesse eut un geste de rage.

— Travailler ? Tu es libre, riche et tu veux travailler ? Il me semble que j’entends la voix de ton frère : occupations graves contre passions frivoles… Jane, mes pantalons, dépêche-toi !

Elle enfila des pantalons de drap noir à bandes rouges et eut toutes les peines du monde à boutonner la ceinture, où ses charmes opulents s’entassaient.