Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/388

Cette page n’a pas encore été corrigée

du bureau, portant un éventail, et, en marges, de miraculeux petits dessins obscènes. L’enfant s’était amusé !

Reutler alla prendre, dans une armoire, un flacon mince et mélangea son contenu au reste du champagne.

— Ce sera suffisant pour nous deux, pensa-t-il, j’espère que nous n’aurons pas le temps de souffrir…

Se courbant, fort calme, il prêta l’oreille.

Un ronflement grondait, sous ses pieds, et il commençait à faire très chaud. Il caressa les cheveux de Paul-Éric, le réveilla.

— Tiens ! Déjà le jour ? dit le jeune homme se frottant les paupières, de mauvaise humeur.

— Oui, c’est l’aurore ! fit Reutler souriant.

Paul examina son aîné, eut un même sourire.

— Tu es gentil, mon grand, d’être venu… mais comme te voilà fait !

Reutler n’avait pas réfléchi que lui, toujours si correct, était en bras de chemise.

— Pourvu qu’il ne devine rien, se dit-il en saisissant la coupe de champagne. (Il ajouta, doucement :) Tu n’as pas soif, Éric ?

— Bon, s’écria le cadet s’impatientant, le sermon traditionnel ! On t’a raconté que je m’étais grisé et tu vas me parler d’hygiène ? (Il prit sa voix d’enfant pleurard.) Tu me mets en pénitence, tu me traites comme un écolier, alors… j’invente des distractions ! Je me suis fabriqué des philtres, mon grand, tes livres de médecine m’ont fourni des recettes extraordinaires. Ah ! je n’ai pas perdu mon temps, ici ! (Il se pinça la bouche.) Et ta