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Il cria désespérément, à pleine voix.

Ce nom retentit en lui-même, d’une façon sourde, comme si on l’avait chuchoté.

— C’est le cauchemar qui continue, se dit-il, je dors !

Il se courba, toucha les ferrures de la porte, y incrusta ses ongles.

— Non ! Je ne rêve pas. Je touche ces objets, ceci c’est du fer, ceci c’est du bois, et il y a là une poignée de bronze ciselé ; ceci n’est pas un rêve.

Derrière la porte, il crut entendre un bruit de rires, un petit sifflement railleur, à la fois tout proche et très lointain, puis, une lueur filtra, le trou de la serrure scintilla, en étoile. Il écouta. On venait avec des lumières, on causait bas, mais on n’osait ouvrir. Ce fut ensuite un ronflement de bête pressée qui se frotte contre des meubles et fait joyeusement rouler des vaisselles, qui se dépêche pour on ne sait quelle curée mystérieuse. Reutler se rua sur la porte pour l’enfoncer. Il se rappela qu’une statue de saint, en bois, était à gauche de cette porte, sur une colonne de marbre ; il prit le saint et l’envoya, de toutes ses forces, au milieu du panneau qui résista.

— Je n’ai plus le don de la volonté ! Je suis éteint, je suis perdu ! J’aurais dû faire sauter la serrure d’un seul coup et… je demeure prisonnier !

Il s’aperçut qu’une haleine chaude lui caressait la figure à travers ce petit point lumineux, en étoile.

— Enfin, cria-t-il, vous êtes là, derrière, quelqu’un. Ouvrez-moi donc, mettez-moi donc en présence d’un danger plus réel, attachez-moi ou faites-