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tes les fanges. Est-ce que les femmes se relèvent jamais d’aucune chute ? Et ruminant ses idées tristes. il se promenait, devant elle, ses bras croisés.

— Où prenez-vous, dit-il de sa voix sourde, que vous êtes plus à moi aujourd’hui : qu’hier ? Je suis votre protecteur, je vous dois toujours mon aide… il n’y a rien qui puisse me lier plus particulièrement à vous ! Je reste toujours celui qui commande, j’ai tenté de le faire très doucement, maintenant, je vais parler plus haut : ma chère enfant, il faut vous livrer à Paul-Éric, mon frère, non pas pour son bonheur, mais pour le vôtre… Si vous tardez, vous allez vous prostituer à tout le monde !

Marie s’effondra sur les deux genoux.

— Il a dit ça, cria-t-elle tordant ses mains au-dessus de sa tête, il a dit ça ! C’est ça qu’il veut… il ne veut que ça ! Oh ! je l’ai bien entendu ! Oh ! pauvre fille que je suis d’avoir voulu le savoir !

— Voyons, Marie, pas de scène !… Éric furieux, le paon mort, le chien tué, la servante qui pleure… ce n’est plus une maison et je finirai par ne plus demeurer chez moi si cela doit continuer ! Relevez-vous vite ! Non ! Non ! Ne me baisez pas les mains, j’ai horreur de ces sortes de démonstrations sentimentales. Laissez-moi tranquille… toutes ces histoires d’amour sont très malpropres au fond. Sacrebleu ! Vous relèverez-vous ?

Elle se coucha, sanglotante, à ses pieds.

— Je vous aime tant, Monsieur Reutler ! Je ne peux pas m’empêcher de vous aimer. Je sais bien, j’aurais pas dû oser… voyez-vous, c’est un sort !… Je ne dors plus de penser que vous êtes un homme de pierre comme il dit, lui, et que vous ne com-