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Elle était triste et cherchait un prétexte pour dire adieu.

— Monsieur le baron, déclara-t-elle de son ton dur, un peu guttural, je m’en vais, vous voulez bien ?

Elle posa les fruits sur la table, devant lui.

— Pourquoi veux-tu t’en aller, petite sœur ? interrogea Reutler qui respira.

Elle rougit jusqu’au oreilles, répondit, toute droite, la tête fière :

— Parce que vous n’avez plus besoin de moi. Je vais rentrer à l’hospice. Il vaut mieux.

— Bon voyage ! pensa Paul prenant une pêche.

Reutler s’empara des deux poignets de la jeune fille et la considéra longuement. Ses yeux d’illuminé s’éteignirent.

— Il faut que tu restes, j’ai encore besoin de toi, chère petite.

— Oui, grommela Paul, nous te bénissons et tu viens toujours à point, avec ton flair d’amoureuse. Que la peste emporte la domesticité !

— Mais vous ne resterez pas aux cuisines, Marie ; vous donnerez à Jorgon l’ordre de vous dresser un lit dans le boudoir attenant au grand salon. Vous savez, la chambre où il y a le portrait d’un homme triste ?… le mien, je crois, je n’en suis pas sûr, car je n’ai jamais fait faire mon portrait. On dit qu’il me ressemble pourtant. Vous vous entendez aux transformations, vous arrangerez ce boudoir sombre en claire chambre de jeune fille. Il faut de la clarté, ici. Vous choisirez vos tentures et mon frère vous aidera de ses conseils. Puis, regardez bien cette nappe. J’ai une habitude déplorable. Je troue les