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— Non ! répondit Reutler de sa voix sourde.

— Monsieur, je suis toute seule… j’ai peur qu’il se tue !

— Appelle Jorgon.

— Jorgon me fuit. Je ne peux guère me faire obéir de Jorgon, moi.

Aux offices, on ne riait plus. Célestin renvoyé, le cocher avait suivi le même jour, et il restait des domestiques tremblants qui ne savaient que penser, surtout depuis l’installation de la galerie. On en concluait, définitivement, à la séquestration de Monsieur Paul par un aîné féroce qui ne voulait pas lui rendre ses comptes de tutelle ! Marie, ne passant dans son ancien purgatoire qu’aux heures des repas, entendait des réflexions sinistres et elle s’affolait :

— Monsieur le baron, oui ou non, l’aimez-vous ?

— Qu’il vienne ! je ne puis aller faire des excuses au coupable.

Marie se retira, navrée. Pendant une semaine encore, Paul-Éric lutta contre son propre orgueil.

— Voyons, lui répétait fiévreusement la jeune fille, vous n’êtes pas muré vivant. La porte de votre fumoir n’a même pas un verrou ! Vous n’avez qu’à traverser trois salons et vous trouvez votre aîné dans sa chambre. Allez donc ! (Et elle ajoutait, brutale :) Il vaudrait mieux vous raccommoder en bons frères que vivre en amoureux brouillés, ce serait plus convenable… pour la maison.

Paul se décida.

Jorgon vint un soir, avant le dîner, lui rapporter ses vêtements, et il refit de lui le prince anglais, très digne, très hautain, qu’on voyait jadis dans