Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/322

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui peut bien lui rappeler son frère dans cette chambre maudite ?

— Moi, Monsieur, je lui parle de vous tout le temps !

— Chère enfant ! Tu es ravissante… Défends au groom de le veiller, il est très dangereux pour une jeune fille, ce rustre… et je le renverrai puisque tu t’en plains.

— Et… habiller Monsieur Paul ? Vous ne voulez pas que ce soit moi qui l’habille ?

— Si je le veux… Tu as bien pansé ses plaies ! Tes mains sont pures… et elles sont les plus douces. Il rêvait d’une femme de chambre, autrefois.

Marie leva le front, et sourit, stoïque :

— C’est-y que vous voulez aussi que je couche avec ? Faudrait s’entendre ?

— Non, je n’ai pas dit cela ! Je ne plaisante jamais, moi.

— Dame !… il prétend que nous serions, au lit, comme deux petits garçons bien sages !

Reutler bondit :

— Il a osé te parler de choses pareilles, Marie ?

— Oh ! Il n’y a pas de mal, je ne vous écouterai ni l’un ni l’autre ! Quand on veut rester sage… on n’a qu’à rester seule. (Elle pleurait.)

Reutler s’exaspéra.

— Marie ! Je suis tellement malheureux ! Efface tout cela de ta mémoire… je te dis de le servir, et non pas de l’aimer bêtement, de le servir comme une sœur. Je te fais de la peine. Aime-le comme moi, son frère, je dois l’aimer, comprends-tu ?

— Ah ! Monsieur le baron, je suis bien sotte et je connais rien aux gens riches, pourtant, vous