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dire, tôt ou tard, cela doit te brûler à ton tour ! Tu aimeras Paul, j’en suis convaincu.

— Vous voulez rire ?

— Je n’en n’ai guère envie, gronda le maître. Écoute… n’oublie pas les journaux et les revues… les volumes, tous les (ivres… il est entendu que c’est Jorgon qui les achète. N’oublie pas les parfums… tu diras que tu les as trouvés, par hasard, sur sa table de toilette. Ah ! Et puis, les fleurs. Les nouvelles orchidées que j’ai fait venir… Dis-moi, qui a veillé, cette nuit ? Toi ou Jorgon ?

— Non, c’est Célestin. Il est très attaché à mon sieur Paul, vous savez !

— Je ne veux que Jorgon ou toi autour de lui, je ne veux pas de ce groom dont le regard est faux… Enfin, on ne m’obéit plus. J’avais défendu de laisser entrer ce garçon chez mon frère !

Reutler brisa le dossier d’une chaise d’un involontaire mouvement de rage.

Il reprit, la voix plus sourde :

— Est-ce qu’il se plaint de moi ? Parle-t-il toujours la nuit, en rêve ?

— Monsieur Paul se réveille quelquefois et me sonne pour que je lui raconte des choses parce qu’il a peur, tout seul, alors je lui dis l’histoire…

— Quelle histoire, mon Dieu ?

— Monsieur ne se fâchera pas ?… Celle de l’église… comment j’ai mis le feu… ça l’amuse.

— Ah ! dis-lui tout ce qu’il voudra te faire dire à ce sujet… C’est effrayant pour une jeune fille de rester, la nuit, si près d’un jeune homme… Cela ne te cause aucun… souci ?

— Oh, Monsieur Reutler, j’aurais point osé cou-