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butes diplomatiques et les joues tombantes pouvaient, à la rigueur, lui servir de repoussoirs. Vis-à-vis de ces reines déchues, la comtesse Geneviève faisait son Agnès, quêtant leurs approbations avec une déférence candide, se croyant redevenue chaste à leur répugnant contact. Mais, toutes devaient ajouter un reflet aux lambris dorés du salon jaune, et si, elle, Madame de Crossac, née Briffault, sortait de la plèbe, elle n’admettait, autour de sa chaise-longue Récamier, que des blasons datant de plusieurs siècles. Façon originale d’honorer le système démocratique.

Bien au contraire, le comte de Crossac — éternelle querelle entre les deux associés — avait la manie de favoriser le rastaquouérisme. Tandis que, tour à tour, la duchesse de Grandval, la princesse de Rienzi, la marquise de Beauffrat, ornaient de leur précieuse cariatide émaillée le meilleur coin de la belle cheminée blanche, l’incorrigible savant, directeur d’une revue de découvertes internationales, non moins qu’inutiles, leur opposait les noms fabuleusement étrangers des grands écumeurs de mers antarctiques. Et les jeunes colonels, égarés sur ce terrain de fausses manœuvres, disaient même tout bas que, certains soirs, à l’abri du manteau de la cheminée virginale, on se serait cru au corps de garde… avec cette différence, pourtant, que l’avancement y était plus rapide.

Le baron Jacques-Reutler de Fertzen, dont le nom devait mal sonner aux oreilles de la Gauloise avait été reçu, par l’époux, d’abord dans la rédaction de la revue scientifique, ensuite toléré par l’épouse directrice du salon jaune. En réalité, Reut-