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Reutler se dégagea violemment du flot parfumé, saisit le poignet de son frère.

— Toi ?… Tu as coupé ces cheveux, toi ?…

— Comment ?… Elle ne t’a rien dit ? C’est vraiment très fort de sa part ! Oui… je les ai coupés, avec mes ciseaux à ongles ! Me suis bien amusé !

Reutler perdit toutes notions des distances pour la première fois de sa vie, car le dégoût le soulevait.

— Va me chercher un fouet plus solide, ordonna-t-il à la petite servante, qui le regardait en extase.

— Non ! Vous l’aimez trop pour le corriger, Monsieur Reutler.

— Je ne suis donc pas le maître chez moi ? rugit l’aîné. M’obéiras-tu, espèce de folle ? Es-tu ma servante, oui ou non ?

— Monsieur, je m’en irai aux cuisines… c’est ma place… je ne peux pas vous aider pour ça…

Alors, Reutler traîna Paul jusqu’à l’antichambre. Là, il ne trouva ni cravache, ni fouet, mais une canne, dans un coin.

Paul se roidit. Il pensait qu’il n’oserait plus dès que la jeune fille se serait éloignée. Malheureusement le maître de Rocheuse était ivre aussi d’avoir respiré, de force, ce parfum d’ambre dont la chevelure semblait ruisseler. Et il massacra toute cette jolie grâce 1830, déchira les étoffes soyeuses, les chairs blondes, jusqu’à ce que la canne fût brisée, encore frappa-t-il avec l’un des morceaux…

Marie s’enfuit, les mains sur ses oreilles.