Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée

La fille ne pleurait pas encore. Ses yeux demeuraient fixes sans une larme.

— Ah ! cria-t-elle désespérée, Monsieur Reutler, au secours ! Monsieur le baron ! Au secours…

Elle glissa sur les deux genoux.

— Laissez-moi m’en aller ! C’est pas juste, c’est pas juste ! Ah ! lui, lui, il n’aurait jamais fait une chose pareille et il vous la défendrait s’il était ici. Au secours !

— Choisis le peigne de nacre, il est très doux ! dit Paul la poussant devant le tiroir ouvert.

Suffoquant, elle se releva et commença son épouvantable pénitence.

L’idée lui vint qu’il aurait peut-être pitié en les voyant si beaux.

— J’ai pas d’amoureux, murmura-t-elle tremblante, je vous jure, je peux pas aimer personne… Monsieur le baron, c’est comme le bon Dieu pour moi… J’oserais point regarder si haut.

— Justement, objecta Paul raillant toujours, tu as envie de faire flamber l’église !

— Oui, je suis une criminelle, je suis rien de rien, je devrais pas me plaindre, vous m’avez sauvée des gendarmes tous les deux, pourtant, c’est pas juste ! Vous ne pouvez pas être plus méchant que vos domestiques. Ils ont eu l’invention des… bêtes, eux, ils ont tout dit, tout fait, pas ça… ça c’est trop !…

Et d’un geste furieux de la tête, elle déploya l’étendard noir de sa chevelure jusqu’au sofa où le jeune homme s’était assis.

— Très beaux ! fit-il. Tous mes compliments, je m’y connais ! Pourquoi diable les tresses-tu ? À