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s’écria Paul de Fertzen en se précipitant vers son aîné, la physionomie très inquiète.

— Rien du tout. Ma névralgie qui me relance. Voici une heure que je suis asphyxié par tes sacrés parfums. Tu sais que je ne peux pas supporter les odeurs fortes et tu en inondes les tapis ! Quand je serai dehors, j’irai mieux. Es-tu prêt ?

Jorgon, confus, murmura :

— Monsieur le baron ne devrait pas sortir, si c’est sa névralgie, il fait très froid, un froid humide…

— Veux-tu que nous restions ? demanda Paul hésitant.

— Non, mon petit, répondit Reutler, affectant un ton d’ironique gaieté que démentait la profonde mélancolie de ses yeux, sortons, au contraire ! Inutile de réfléchir, nous ne pouvons plus que nous décider, selon ta formule !

Jorgon écarta les portières égyptiennes, où rutilaient, dans une ombre bleue, de métalliques scarabées, et les deux frères sortirent.


II

Le salon de Mme Geneviève de Crossac était officiellement banal. Aux murs, jaunes et or, sans draperie et sans bibelot, quelques tableaux de l’école sévère, manière bitume, faisaient des