Page:Rachilde - Les Hors nature, 1897.djvu/252

Cette page n’a pas encore été corrigée

guirlandée de lierre luisait comme un léger ballon vénitien, et sur le donjon, le casque de cristal de l’observatoire reflétait les douces étoiles, trop haut, lui, pour se laisser atteindre par des lueurs terrestres. Autour de la vieille maison, que les goûts dispendieux du cadet des de Fertzen avaient su rendre fragile, des pelouses croulaient, de pente en pente, jusqu’aux premiers arbres du bois, son parc naturel, comme un soyeux tapis vert étalé sur des marches immenses. Des balustrades de pierres blanches ceinturaient ses pelouses et découpaient dans le ciel un ruban pur que des urnes, aux aigrettes de plantes frêlement fleuries, relevaient d’agrafes précieuses. Une cascade mince, fine gerbe de verre filé, tombait toute droite d’un rocher dans les pelouses. Au désespoir de Paul, elle tarissait dès les violentes chaleurs de juin.

Les domestiques s’ébahirent en voyant rentrer les propriétaires de Rocheuse si déguenillés.

Reutler sourit de leurs physionomies contrites. Paul se fâcha.

— Un bain, Jorgon, cria-t-il, et suis-moi pour m’habiller. Reutler a ramené une femme… donc, je soupe. On a compris, n’est-ce pas ?

Reutler fronça les sourcils. Il était déjà trop tard pour protester, car tout le monde s’empressait du côté du plus jeune maître. On savait si bien qu’il gouvernait l’autre.

— Où est la petite paysanne ? questionna-t-il évasivement.

Jorgon répondit, le ton froid :

— Je l’ai posée sur le canapé du salon. Elle